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s’étaient cachés n’ayant pas voulu servir la Commune.

» Reconnu malgré le brassard tricolore, grâce auquel il espérait se glisser dans les ambulances, il a été immédiatement exécuté. »

Le lecteur sait déjà, par les exemples de l’ambulance Saint-Sulpice, des Polonais de la rue de Tournon, des prétendues pétroleuses, etc., ce qu’il faut penser des motifs allégués pour les exécutions.

On a remarqué les mots « quelques rares prisonniers » et on a reconnu une de ces atténuations naïves avec lesquelles les journaux conservateurs racontent les horreurs de la semaine. Le Français lui-même disait : « Un grand nombre de prisonniers. » Le Times parle plus librement ; voici comment s’exprime son correspondant, dans une lettre datée du jeudi 25 et publiée dans le numéro du 29 :

« Le chiffre des innocents qui ont été fusillés pour avoir désobéi aux ordres de quelques gardes nationaux impérieux est considérable. L’abattoir a été établi au bout du boulevard Malesherbes, et c’est un lugubre spectacle de voir des hommes et des femmes de tout âge et de toute condition, défiler par intervalles dans cette fatale direction. Une troupe de trois cents s’avançaient sur le boulevard, il y a quelques instants, entourés d’un cordon de gardes nationaux… En 1793, les victimes étaient conduites à l’échafaud sur des tombereaux ; en 1871, ils vont à pied à la mort, et le couteau de la guillotine est remplacé par les balles des fusils. »

Je lis dans une correspondance, datée du samedi 27 et publiée aussi dans le numéro du 29 :

« Au moment où j’écris passe entre deux rangs de cavalerie, le pistolet armé, un convoi d’environ cent cinquante pompiers accusés d’avoir jeté du pétrole sur le feu. »