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Comme tous les endroits où l’on faisait le triage des prisonniers, le parc Monceau était, — je l’ai déjà dit au début de la Semaine de Mai, — un centre de fusillades. Ce fut un des plus épouvantables.

Le Petit Moniteur du 29 disait :

« L’École militaire a été prise lundi et transformée en prison, ainsi que le parc Monceau.

» C’est là qu’ont lieu les exécutions. Les condamnés montrent autant d’insouciance que d’énergie. Forcés de franchir les cadavres de ceux qui on été fusillés avant eux, ils les enjambent en faisant une pirouette et commandent eux-mêmes le feu. »

Le Français du 28 disait :

« Un détachement du 26e de ligne occupe le parc Monceau : c’est là qu’on amène un grand nombre de prisonniers : beaucoup sont fusillés là. En approchant, on entend parfois le roulement d’un feu de peloton ! c’est le bruit sinistre d’une fusillade. »

La Patrie du 28 mai prétendait qu’il était inexact qu’on amenât les prisonniers au parc Monceau, parce que le parc n’était clos que de grilles ; il eût été impossible d’empêcher les évasion. On sait ce qu’il en faut penser.

La Patrie continue :

« On y a bien amené quelques rares prisonniers ; mais c’étaient des gens qui avaient commis des crimes et qu’on a dû passer par les armes. Nous y avons vu conduire un couple, l’homme et la femme, qui, fouillés, avaient été trouvés portant des bouteilles pleines d’huile de pétrole. Ils avaient en outre force bijoux dans leurs poches. La femme avait cinq ou six montres.

» On les a fusillés.

» Il en a été de même d’un chirurgien-major de la Commune. Il avait dénoncé les autres médecins qui