Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore il en est accablé. Faut-il ajouter que l’officier Rascol chercha à lui cacher la mort de son fils, lui raconta que ce fils était à Versailles, et ne dit la vérité qu’au général de Ménibus lui-même ? C’est M. Rascol lui-même qui l’avoue dans sa déposition. Pendant deux ans, M. Laudet porta à tout monde sa plainte indignée contre le meurtre de son fils. Le 28 mai 1872, il écrivait à M. Daru, président de la commission d’enquête parlementaire ; il écrivit au gouverneur de Paris, à M. Thiers, à M. Grévy, aux ministres. Il eut la même idée que madame veuve Millière. Le 26 avril 1873 (j’ai les exploits d’huissier sous les yeux), il citait MM. de Cissey, ministre de la guerre, et Rascol, lieutenant de la garde de Paris, devant le juge de paix de Versailles. Bien entendu, ni M. de Cissey, ni le sous-lieutenant, ne se dérangèrent pour répondre. Le 28 avril, défaut était donné contre les « non comparants ».

M. Rascol dit à ce sujet :

« Au lieu d’obéir à cette citation, je me rendis au cabinet du ministre, où je vis le général Hartung, qui me déclara que le ministre de la guerre n’avait pas été assigné « et que moi-même je n’avais qu’à être tranquille, puisque je n’avais fait que mon devoir ».

Cependant, il serait inexact de dire que la double assignation lancée par M. Laudet resta sans réponse.

Le malheureux père, qui s’obstinait à faire du tapage sur la mort de son fils et dont on ne devait plus espérer se débarrasser que par la force, fut arrêté et traduit devant un conseil de guerre.

On trouva un incident, comme il s’en produisait tant alors : on découvrit que deux de ses voisins, le dernier jour de la Commune, avaient été arrêtés ; que sous le coup de l’explosion de la cartoucherie Rapp, il avait eu contre eux un de ces soupçons qui naissent si vite au mi-