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Versailles et je ne l’y trouvai pas. Je ne le trouvai qu’en continuant mes recherches sur les listes des hommes exécutés. »

Je m’arrête sur ce passage. Il est capital. Voilà la constatation officielle de ce qu’étaient les « abattoirs » dont j’ai énuméré une partie.

C’est donc ainsi que se faisait la tuerie. Les officiers recevaient hiérarchiquement l’ordre d’aller la diriger. Il y avait une « consigne ». On tenait des écritures. Il y avait une liste des fusillés. — Je tiens à établir ces faits. L’autorité militaire les a toujours dissimulés. Elle n’a jamais parlé des cours prévôtales, qui ont fait des milliers de victimes. Chaque fois qu’un père cherchant son fils, une sœur son frère, l’ont consultée, pour quelque intérêt que ce fût, elle a caché ses listes elle a nié qu’il en existât ; elle a soigneusement enveloppé de mystère la boucherie de mai 1871. Et les Thiers, les Dufaure affirmaient à la tribune que la répression avait été rigoureusement légale ! On ose encore le dire aujourd’hui !

Mais, à cette époque, l’ordre officiel avait été donné par M. de Mac-Mahon de suspendre toute exécution.

Or, d’après une des pièces que j’avais sous les yeux, un général intervenant pour le fusillé, aurait demandé à M. Rascol « s’il ne connaissait pas les ordres de M. le maréchal de Mac-Mahon. »

M. Rascol aurait répondu : « Je connais l’ordre du maréchal ; mais j’en ai reçu d’autres. »

Cet ordre de suspendre les exécutions après huit jours de massacre n’était-il donc que pour le public ? Il faudrait bien le croire, alors même qu’on n’aurait pas le document que j’invoque, puisqu’il est prouvé que l’autorité militaire continua à fusiller sur un grand nombre de points.