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Notamment, une pauvre jeune fille de dix-huit ans ; employée dans un magasin de la rue Tronchet, accusée d’avoir voulu empoisonner des soldats en leur donnant à boire… On fusillait dans le coin nord de la cour extérieure de la prison… Une tapissière emportait les cadavres au cimetière Montparnasse. Elle prenait par la rue du Regard et la rue de Rennes. Et la route était tracée tout du long par de larges et nombreuses gouttes de sang… »

Les exécutions se continuèrent pendant le mois de juin. « À dater du 10 juin, m’écrit M. le docteur Robinet, sur les réclamations des voisins, on ne fusilla plus de jour, ni dans les cours, mais de nuit et dans les caves. » J’ai entendu moi-même, pendant longtemps, le sinistre roulement des fusillades.

On amena aussi des prisonniers du Ve arrondissement à l’Ecole polytechnique, pour les fusiller.

S’il est un quartier qui semblait devoir être exempt d’exécution, c’est le XVIe arrondissement. Il était fort opposé à la Commune ; il fut le premier occupé, et par surprise, presque sans combat. Pourtant l’arrondissement eut son abattoir. « La prévôté, me dit un honorable négociant du quartier, était établie 22, rue Franklin. On y amenait sans cesse des malheureux pris à la suite d’une dénonciation. » La manière dont se faisait la fusillade était affreuse. Le peloton d’exécution manquait. Un vieux sergent de ville était réduit à tout faire seul. Mettre les victimes au mur était impossible : à chaque coup manqué, ç’aurait été une poursuite. Il les attachait avec une courroie à un prunier qui se trouvait dans la cour et il tirait à la cible jusqu’à ce que le malheureux fut mort. Les cadavres étaient portés au cimetière de Passy.

On exécutait aussi :