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par les incendies, car il commença dès l’entrée des troupes, trente-six heures au moins avant que le premier incendie fût allumé.

Le massacre n’eut pas pour cause l’entraînement des soldats, par l’excellente raison qu’il se fit en vertu d’ordres régulièrement donnés, avec une sorte d’organisation, le plus souvent par le fait des officiers supérieurs.

Le massacre n’eut pas pour cause une fureur spéciale à l’armée ; car la même passion aveugle qui couvrait de cadavres les rues de Paris poussait la population accidentelle de Versailles à insulter, à frapper les prisonniers ; et pendant que les soldats fusillaient, la presse conservatrice leur signalait les victimes.

Cherchons, dans les événements qui précédèrent la rentrée des troupes dans Paris, l’explication exacte des exécutions sommaires.

Les généraux de l’empire sortaient du siège de Paris, blessés au cœur. La chute du régime impérial auquel ils restaient attachés, la déconsidération dans laquelle ils étaient tombés dès les premières défaites, leur injurieuse impopularité que la capitulation avait doublée, les avaient habitués, bien avant le 18 mars, à considérer le peuple de Paris comme le véritable ennemi. Comme exemple de cet état d’esprit, nous ne pouvons trouver mieux que M. Vinoy.

On sait de quelle façon il faisait fusiller les gens au 2 décembre. Longtemps avant la Commune, il était impatient de recommencer sur les Parisiens. À peine gouverneur de Paris depuis quelques heures (22 janvier), il voulait faire passer immédiatement devant une cour martiale les prisonniers arrêtés sur la place de l’Hôtel-de-Ville. S’il n’avait rencontré une opposition absolue, ces sortes de tribunaux, ou plutôt de commissions mili-