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flet d’orgue de ses deux compagnons, les interrogatoires voisins des prisonniers et les détonations lointaines des fusillades ; puis la lassitude l’emporta, et le sommeil, vint.

Quand il se réveilla, le lendemain matin M. Robert condamnait encore : il avait condamné toute la nuit !

M. Forcade ignorait s’il était encore prisonnier : il ne tenait pas trop à s’enquérir de sa situation exacte. Une insistance maladroite de sa part, un caprice de juge pouvaient au moins le faire garder et envoyer à Versailles. Le concierge du Collège, qui avait été délogé pour quelques heures, vint reprendre quelques objets. M. Forcade profita de l’occasion et se glissa avec lui jusque dans la rue.

J’ai déjà dit comment il vit, quelques instants après, au coin de la rue des Écoles et de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, un véritable charnier dans un renfoncement assez vaste. Les cadavres qui se trouvaient là étaient ceux des prisonniers qu’on jugeait au Collège de France.


XXVI

LES ABATTOIRS
(suite)

Les mairies étaient, dans Paris, des centres naturels où l’on devait organiser la répression. À mesure qu’elles tombaient au pouvoir de l’armée, des autorités d’occasion s’y installaient. J’ai déjà eu à en citer plusieurs exemples : j’ai montré, dans le VIIIe arrondissement, des officiers de la garde nationale de l’ordre