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une quinzaine d’individus criant : « C’est Vallès. » En vain le malheureux protestait, se débattait, jurait qu’il n’était point Vallès. Le docteur ne le vit pas se jeter à la gorge de l’officier ; mais celui-ci leva son sabre, et un soldat tira un coup de chassepot presque à bout portant. La balle traversa la cuisse gauche du prisonnier. Blessé, il entra rue des Prêtres ; les deux autres soldats tirèrent ; le faux Vallès tomba : l’officier et ses hommes se retirèrent aux bravos de la foule. Le docteur Dubois s’approcha du cadavre, couché le long de la boutique d’un charbonnier. Il pria le charbonnier de lever la tête du malheureux. Elle n’avait aucun rapport avec celle de l’auteur des Réfractaires.

M. Maxime Ducamp consentira-t-il à reconnaître que la fusillade de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois n’était pas une invention du véritable Vallès ?


XXV

LES ABATTOIRS. — LE COLLÈGE DE FRANCE

J’arrive au plus horrible : à ces lieux d’exécution où l’on tuait régulièrement, sans relâche. Il y en avait de toutes sortes : depuis la mairie ou la caserne, où un officier quelconque s’installait pour faire le triage des prisonniers et pour choisir les victimes, jusqu’à la cour martiale ayant une apparence d’organisation, offrant un mensonge de tribunal et prononçant des sortes de verdicts d’après le code sanglant du massacre, où il n’y avait qu’une peine : la mort.

Il y eut, dans Paris, beaucoup d’abattoirs de ce genre ; et là ce n’était plus une tuerie isolée, quelques heures de férocité : le sang y coulait sans cesse pendant de