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rades comme témoignage de reconnaissance et le graveur dont je produis l’attestation déclare y avoir gravé ces mots ; « À Eugène Varlin, souvenir de ses camarades. » Celui qui a trouvé la montre sur le cadavre l’aura nécessairement ouverte et, dans l’enquête, il pourra déclarer si cette inscription y était gravée.

» Je connais le nom de la personne qui détient cette montre et qui la porte encore aujourd’hui.

» Je puis même citer un détail singulier. Il y a quelques années, le détenteur de la montre s’est trouvé à un dîner où il fut question des exécutions sommaires faites à Paris lors de l’entrée de l’armée de Versailles. Quelqu’un prononça le nom de Varlin, disant qu’il était réfugié à Londres. L’individu que je ne veux pas nommer, répondit :

« Varlin est bien mort, j’ai… assisté à l’exécution. Une montre trouvée sur le cadavre atteste son identité. »

» Et alors, tirant une montre de sa poche, il en ouvrit la cuvette et fit lire aux convives terrifiés cette inscription : « À Eugène Varlin, les ouvriers relieurs reconnaissants. » (Sensation.)

» Cet individu, je le répète, je ne veux pas le nommer ; mais, si vous ordonnez une enquête, il sera appelé, ainsi que ceux qui ont lu l’inscription. »

Quel est l’individu qui a trouvé sur Varlin, les objets que M. le lieutenant Sicre indiquait en détail dans son rapport ?

Dans quelle poche est la montre ?

Quoi qu’il en soit, Varlin ne la réclamera pas, car plus de deux ans après l’avoir fusillé, le 30 novembre 1872, on l’a condamné par contumace à la peine de mort.