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était impassible, très pâle, mais très ferme… un voyou le décoiffa d’un coup de latte. »

Voici maintenant comment le lieutenant Sicre, dans son rapport, traduit cette scène, qui indigne jusqu’à l’auteur des Convulsions de Paris.

« Pendant le trajet, il fut reconnu par toutes les personnes qui se trouvaient sur son passage, et, arrivé à l’état-major, il ne put nier son identité. »

Le général Laveaucoupet donna sans hésiter l’ordre de le fusiller. M. Maxime Ducamp constate cet ordre en termes curieux : Varlin avoua son nom. M. Ducamp dit : « Les aveux prononcés très fermement, mais avec quelque jactance, entraînaient un ordre d’exécution. »

C’est la faute de la jactance.

Alors se passa une chose horrible : je cite le récit du Tricolore :

« Le général répondit d’une voix basse et grave : « Là derrière ce mur. »

» Nous n’avions entendu que ces quatre mots. Arrivé à l’endroit désigné, une voix dont nous n’avons pu reconnaître l’auteur (sic) et qui fut suivie immédiatement de beaucoup d’autres, se mit à crier : « Il faut le promener encore, il est trop tôt. » Une voix seule ajouta : « Il faut que justice soit faite rue des Rosiers, où ces misérables ont assassiné les généraux Clément Thomas et Lecomte…

» Arrivé rue des Rosiers, l’état-major, ayant son quartier général dans cette rue, s’opposa à l’exécution.

» Il fallut donc, suivi de cette foule augmentant à chaque pas, reprendre le chemin des buttes Montmartre… »

Ainsi, la foule crie : « Il faut qu’il souffre encore, il faut aller rue des Rosiers, » et l’officier qui conduit le prisonnier aurait obéi !