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Le journal n’explique pas pourquoi l’œil de Salvador jetait un dernier défi à la société.

L’exécution du membre de la Commune Varlin est une des plus pathétiques.

Louis-Eugène Varlin avait alors trente et un ans. Ouvrier relieur, il avait formé son intelligence à force de travail. C’était, avec MM. Tolain et Malon, un des fondateurs de la première Internationale, où n’entraient que des hommes éprouvés. À la Commune, il s’était rangé dans cette minorité qui lutta vainement contre les excès. Il fut délégué aux finances, qui furent administrées par Jourde et par lui avec un esprit d’ordre et de scrupuleuse probité, que les historiens comme MM. Jules Simon et Maxime Ducamp ont eux-mêmes reconnu.

Pour grouper les épisodes analogues, je place ici le récit de son exécution, bien qu’elle ait eu lieu le dimanche 28, alors que le combat avait cessé, et que Paris entier était au pouvoir des troupes. J’ai sous les yeux plusieurs récits de la mort de Varlin : d’abord ceux des journaux du temps ; puis M. Maxime Ducamp, par extraordinaire, a bien voulu ne pas ignorer cette exécution sommaire, et la raconte longuement. Enfin, un jugement a été rendu, le 25 janvier 1878, pour constater le décès de Varlin. Le plaidoyer de M. Engelhard dans cette affaire fournit des détails précieux, et contient un document authentique : le rapport du lieutenant Sicre à son colonel, sur l’arrestation et l’exécution du délégué aux finances.

Varlin était assis à la table d’un café, rue Lafayette ; il n’avait pris aucune précaution pour changer ses traits. Un prêtre décoré, en costume bourgeois, le dénonça au lieutenant Sicre (du 67e de ligne) qui passait. C’est le lieutenant lui-même qui en témoigne. « Varlin a cherché