maladroitement, dit M. Louis Mie, que s’ils avaient tiré, ils auraient pu être atteints par le ricochet des balles.
Millière allait être exécuté, quand un officier intervint. M. Mie dit qu’il sortait du Luxembourg ; le récit du capitaine Garcin indique que c’était M. Garcin lui-même, et qu’il sortait du restaurant Foyot. Que se passa-t-il entre eux ? M. Garcin va nous l’apprendre (Enquête parlementaire) :
« Je m’adressai à lui et je lui dis : « Vous êtes bien Millière ? — Oui, mais vous n’ignorez pas que je suis député. — C’est possible, mais je crois que vous avez perdu votre caractère de député. Du reste, il y a parmi nous un député, M. de Quinsonas, qui vous reconnaîtra.
» J’ai dit alors à Millière que les ordres du général étaient qu’il fût fusillé. Il m’a répondu : « Pourquoi ? » Je lui ai répondu : « Je ne vous connais que de nom. J’ai lu des articles de vous qui m’ont révolté. Vous êtes une vipère sur laquelle on met le pied. Vous détestez la société. » Il m’a arrêté en me disant avec un air significatif : « Oh ! oui ! je la hais, cette société ! — Eh bien ! elle va vous extraire de son sein. Elle va vous passer par les armes. — C’est de la justice sommaire, de la barbarie, de la cruauté. — Et toutes les cruautés que vous avez commises, prenez-vous cela pour rien ? Dans tous les cas, du moment où vous dites que vous êtes Millière, il n’y a pas autre chose à faire. »
« Le général avait ordonné qu’il serait fusillé au Panthéon, à genoux, pour demander pardon à la société du mal qu’il lui avait fait… »
Cela se passe en France au dix-neuvième siècle.
Il y a là, à une fenêtre, un commandant de corps, M. de Cissey, le général ordinaire de M. Thiers, qui devait être son ministre de la guerre quelques jours plus tard et qui devait l’abandonner deux ans après. Et