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Je ne crois pas qu’il puisse s’élever de doute sur la manière dont les choses se sont passées.

Millière a été arrêté le vendredi, vers dix heures du matin, chez son beau-père, M. Fourès, cordonnier, 38, rue d’Ulm, et n’a pas tiré sur la troupe qui l’arrêtait.

Voyons maintenant son exécution.


XXII

JEAN-BAPTISTE MILLIÈRE
(Suite)

Louis Mie était arrivé le 25 mai à Paris de Versailles.

Le 26 de bon matin, il achetait la Petite Presse : elle annonçait que Millière était fusillé.

Puis, il entra au restaurant Foyot : à une table voisine de la sienne, huit ou dix officiers causaient très haut. « Est-il vrai que Millière ait été fusillé hier ? — Oui, c’est X… qui me l’a raconté. »

Le déjeuner fini, en sortant, M. Mie rencontra des soldats entourant un prisonnier. C’était Millière.

Sous la pluie qui tombait dru, dans un flot de cohue menaçante et hurlante, au milieu d’un piquet marchant sur deux rangs, Millière s’avançait vêtu de noir, boutonné dans sa redingote, coiffé d’un chapeau haute forme, saisi au collet et serré aux poignets par un soldat et par un agent en bourgeois dont la ceinture portait deux gros revolvers.

L’escorte s’arrêta devant la porte du Luxembourg, sous les fenêtres du restaurant Poyot. Au premier étage, M. de Cissey, général commandant le 2e corps, M. le marquis de Quinsonas, royaliste, membre de