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M. Henri de Montant, chef d’escadron, délégué au Ve arrondissement. Ce représentant du pouvoir militaire de l’époque adresse au journal une lettre d’information qui commence par ces mots : « Cher monsieur de Villemessant… » Touchant exemple de l’union de la presse boulevardière et de la dictature du sabre.

M. Henri de Montaut dit que, peu de jours après l’exécution de Millière, il a reçu dans son cabinet madame Fourès, belle-mère de Millière, qui venait lui demander de lui faciliter l’accès près de sa fille, détenue à Versailles. Et il ajoute : « Elle m’a apporté deux rectifications à mon récit, qu’elle déclarait, du reste, elle aussi, très exact. Millière aurait été trouvé caché chez elle, et n’aurait pas tiré sur la troupe. Il n’a jamais tenu une arme de sa vie, monsieur, me dit-elle en pleurant. »

Dans l’assignation envoyée plus tard, le 12 février 1873, par madame veuve Millière à M. Garcin, il est dit que Millière a été arrêté le 26 mai 1871, vers dix heures du matin, chez les époux Fourès, cordonnier, son beau-père et sa belle-mère : ce qui confirme sur ce premier point la lettre du Figaro.

Quant aux prétendus coups de revolver, que la dépêche de M. Thiers raconte triple, et que M. Garcin mentionne plus vaguement, la déposition de M. Louis Mie permet de deviner ce qu’il en fut.

Aussitôt après avoir vu l’exécution, MM. Mie et Leymarie, profondément émus, se jetèrent dans une voiture et se rendirent à Versailles. Là, sans même changer de vêtements, ils allèrent demander audience à M. Barthélémy Saint-Hilaire.

Je cite le récit de M. Louis Mie :

« À un moment donné, je dis à M. Barthélémy Saint-Hilaire :