Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le prince Czartoryski donne des notions exactes sur le nombre des Polonais qui ont pris part à la Commune. Il rappelle ce que la majeure partie de ses compatriotes a fait pour la France. Il exprime toute son indignation de Polonais et de prince contre ceux qui se sont joints à l’insurrection, et qu’il abandonne à la sévérité des conseils de guerre. Il parle de l’attitude des députés de son pays au Reichstag allemand et de la façon dont les prisonniers français ont été reçus dans le duché de Posen.

Après ces détails, le document publié dans l’enquête parlementaire contient une ligne de points (p. 329).

Cette ligne de points remplace les récits d’exécution que nous venons de reproduire.

Voilà comment M. Daru et ses collègues tronquaient les documents qu’ils étaient obligés de publier.


XXI

JEAN-BAPTISTE MILLIÈRE

Le 28 mai, à deux heures et demie, M. Thiers expédiait dans les départements une dépêche où on lisait :

« Le trop fameux Delescluze a été ramassé mort par les troupes du général Clinchant. Millière, non moins fameux, a été passé par les armes pour avoir tiré trois coups de revolver sur le caporal qui l’arrêtait. »

L’homme dont M. Thiers annonçait ainsi la mort était représentant du peuple. Son exécution était deux fois un crime.

J’ai vu pour la première fois Millière au procès de Tours. Un homme grand et sec. Une longue figure à qui ses plis maigres, ses lunettes, ses cheveux gris tombant sur les épaules, donnaient une inoubliable physionomie.