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les environs de la barrière du Trône. Tout à coup les soldats aperçoivent une lumière au cinquième étage de la maison portant le no 52, boulevard de Picpus. On croit y voir un signal donné aux insurgés ; on entre dans la maison, et on trouve dans une chambre, au cinquième, deux vieillards qui se faisaient du thé. On les saisit et on les fait descendre. Le concierge implore pour eux l’officier, atteste que ce sont des hommes tout à fait tranquilles, respectables, qu’ils n’ont aucun rapport avec les insurgés. « D’ailleurs, ajoute-t-il, croyant les couvrir ainsi, ce sont des étrangers, des Polonais. — Ah ! ils sont Polonais, reprend l’officier, cela suffit. » Et ils sont fusillés. C’étaient MM. Rozwadowski et Schweitzer, deux débris de notre émigration de 1831, vieillards tout à fait estimables, paisibles, pieux, et d’une sérénité de mœurs presque ascétique. L’un d’eux, M. Schweitzer, avait un neveu servant comme lieutenant dans l’armée de Versailles ; il lui tardait de le revoir. Les derniers jours, il demandait souvent avec impatience : Quand donc l’armée entrera-t-elle dans Paris ? Elle est entrée enfin, mais il n’a pas revu son neveu.

» De la même manière a péri, lors d’une perquisition, et à cause seulement de son nom polonais, un autre vieillard, M. Lewicki, graveur, décoré.

» Nous passons sous silence d’autres victimes pareilles sur lesquelles nous ne possédons pas de données aussi précises. »

La commission d’enquête parlementaire ne pouvait se refuser à insérer un document adressé au président de l’Assemblée nationale, émanant d’un comité aussi considérable que le comité d’émigration polonaise, et signé par un personnage tel que M. le prince Czartoryski.

Ce document est, en effet, publié dans le tome III de l’Enquête parlementaire, de la page 320 à la page 330.