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Commune et blâmait ceux de ses compagnons qui se sont engagés à son service. Il logeait dans la maison et dirigeait la librairie. Par bonté de cœur, il avait donné chez lui l’hospitalité à l’autre qui, à l’entrée de l’armée dans Paris, venait de quitter les rangs de l’insurrection. Il a cruellement payé cet acte de charité.

» La destinée de ce jeune homme est vraiment tragique. Il était d’une bonne famille de Lithuanie qui s’éteint en lui. Il a eu l’un de ses frères et un beau-frère pendus par Mourawieff, l’autre frère déporté en Sibérie à perpétuité, ce qui entraîne la mort civile ; lui-même est parvenu à se sauver par la suite. Il aimait ardemment la France : il lui était réservé de périr innocent par des balles françaises. »

N’est-il pas frappant de voir les vainqueurs de Mai achever l’œuvre de Mourawieff ?

C’était une idée répandue alors que la Commune était pleine de Polonais : idée toute de fantaisie, qui avait pour cause le rôle joué par Dombrowski. Aussi, malheur à qui portait un nom polonais ou un nom étranger qu’on prenait pour un nom polonais ! M. l’abbé Vidieu, vicaire de Saint-Roch, cite à cet égard un exemple curieux (Histoire de la Commune de Paris, p. 465) :

« Un prêtre polonais, attaché à la paroisse de Chaillot, fut arrêté dans la rue et conduit à Versailles où il subit une dure incarcération. Il ne dut sa délivrance qu’à l’intervention de M. l’abbé Gentil, aujourd’hui curé de Ménilmontant. » Ainsi on le conduisit à Versailles : s’il avait refusé de marcher, l’armée régulière aurait eu probablement, elle aussi, son otage en soutane.

L’adresse du comte Czartoryski à l’Assemblée, mentionne d’autres Polonais exécutés sans motifs. J’en extrais le passage suivant :

« Dans la nuit du 25 au 26 mai, les troupes occupaient