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armoire à robes, place Vendôme, no 24. Il aurait été caché là par sa maîtresse. On ajoute à ces détails tout un roman. Cette maîtresse de Brunel aurait été femme de chambre chez un ambassadeur étranger et espion par-dessus le marché. Or, Brunel a pu s’échapper : ce n’était certainement pas lui qu’on a trouvé place Vendôme. Quel malheureux fut victime de cette fatale méprise ? Je l’ignore. Mais on lit dans les Débats du 31 mai : « Quelques coups de pistolets le tuèrent immédiatement. » Et le Petit Journal de la même date ajoute :

« Brunel était chez sa maîtresse. Cette femme a été passée par les armes. Après cette double exécution, les scellés ont été apposés sur les portes de l’appartement. Hier, quand on est venu pour enlever les cadavres, la maîtresse de Brunel n’avait pas encore rendu le dernier soupir. On n’a pas voulu l’achever, et cette malheureuse a été transportée dans une ambulance. »

N’est-ce pas chose hideuse, que cette longue agonie enfermée à double tour auprès d’un cadavre ? Quelles heures que celles où la malheureuse a pu retrouver quelque lueur de conscience !

Il y avait des exécutions où l’on comprenait tous les habitants d’une maison. Des malheureux, affolés par le massacre, se cachaient, tiraient un coup de fusil sur les officiers ou les soldats qui passaient au milieu des quartiers occupés par l’armée. En pareil cas, on était impitoyable.

J’ai déjà cité l’exemple d’une maison, celle de M. Crawford, le correspondant du Daily News à Paris, qui fut l’objet d’une exécution semblable dès le lundi matin. Et c’étaient deux soldats qui avaient tiré sur leurs officiers. M. de Cissey ne craignit pas d’ériger ces mesures impitoyables en système. Il fit afficher sur la