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le trottoir et refusa de faire un pas, en dépit des efforts de son mari pour qu’elle essayât. Elle persista dans son refus, et ils se mirent tous deux à genoux, priant les gendarmes qui les escortaient de les fusiller de suite, s’ils devaient être fusillés ; vingt revolvers partirent, mais les victimes respiraient encore, et ce ne fut qu’à la seconde décharge qu’ils tombèrent morts. »


XX

LES MAISONS

On ne fusillait pas seulement dans la rue, sur les places, dans les terrains vagues, dans les jardins publics. Voici ce que dit la Liberté du 28 mai :

« Dans les maisons, les exécutions sont également sommaires ; tout individu pris avec un habillement de garde national et dont le fusil n’a pas la fraîcheur voulue est certain de son affaire. Son voyage n’est guère plus long que de la chambre à la cour de sa maison. »

Un autre journal témoigne qu’à la fin de la semaine, il y avait des cadavres jusque dans les appartements.

On me rapporte de deux côtés différents un fait navrant, qui se rapporte au début de la semaine. M. Eguyères, pharmacien, 4, rue de Vanves, fut arrêté dans sa boutique par les troupes. Il avait chez lui le frère du peintre Pils, blessé. On relâcha M. Eguyères. Quand il revint, il trouva le blessé tué à coups de baïonnette. Son domestique et un jeune homme de seize ans, qui faisait ses courses, avaient été tués en même temps.

Les journaux du temps racontent un autre épisode affreux. On aurait trouvé Brunel blotti dans une