cadavre, mis sur une civière, est porté à la Morgue.
Un témoin me fournit un fait que j’ajoute aux récits des journaux :
« Au premiers heures de mercredi matin, je vis passer dans la rue Rodier un capitaine fédéré, désarmé, entre trois soldats de ligne. Au détour de l’avenue Trudaine, il tenta de s’échapper. L’un des soldats le renversa par derrière d’un coup de baïonnette, mais c’était un homme robuste : bien qu’à terre et cloué sous la baïonnette, il se débattait vigoureusement. Alors les deux autres lignards, deux jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans, lui écrasèrent la figure à coups de crosse ; comme le corps remuait encore, on lui tira deux coups de fusil à bout portant. Après quoi il fut jeté dans un des fossés. »
Je termine par deux citations du Times du 29 mai ; elles sont extraites de la correspondance que j’ai déjà citée plus haut :
« Un convoi de neuf cents prisonniers vient de passer sous mes fenêtres, escorté par une compagnie de hussards. Il y avait parmi eux une femme avec ses cheveux noirs flottants, qui manifestait des intentions de révolte, et fut plusieurs fois repoussée dans les rangs à coups de plat de sabre. Elle fit plusieurs tentatives pour s’échapper. À la fin, comme elle avait poussé à bout la patience de ses gardiens, un soldat prit un revolver, et le lui tira au cœur. Elle tomba en paquet de vêtements sombres. Le cortège passa outre, la laissant gisante là où elle était tombée : elle y est encore…
» Un triste épisode s’est produit près du parc Monceau. On arrête une femme et son mari, et on leur donne l’ordre d’aller à la place Vendôme, à une distance d’un mille et demi. Tous deux étaient sans force et incapables de marcher si loin. La femme s’assit sur