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soleil de mai. Le plus léger malaise suggérait les plus atroces soupçons à des hommes prévenus qu’on tenterait de les empoisonner : et du soupçon à l’exécution, il n’y avait qu’un pas.

Les journaux du temps mentionnent nombre de femmes arrêtées et exécutées comme empoisonneuses. Je me borne à un extrait du Times, no du 29 mai, correspondance datée de vendredi. Le rédacteur vit passer, rue de la Paix, un convoi de prisonnières.

« C’était vingt ou trente jeunes filles bien mises et jolies, employées dans un magasin de machines à coudre, accusées d’avoir attiré chez elles une compagnie de soldats, et, après les avoir séduits à la façon de Judith, de les avoir empoisonnés tous avec du vin.

» Ces jeunes filles s’avancèrent, entourées d’un cordon de gardiens, souriant à la foule qui les accablait d’imprécations, et marchant avec un entrain à la place Vendôme, où elles furent probablement fusillées. »

Il y avait un autre motif pour être exécuté. C’était d’être arrêté et d’essayer de s’enfuir ou simplement de refuser de marcher.

Chez les uns, la terreur développait une force de révolte, une énergie désordonnée de désespoir : d’autres, au contraire, avaient les jambes brisées soit par la maladie, soit par l’âge, soit par la crainte. On n’épargnait ni les uns, ni les autres.

Je cite quelques exemples des journaux du temps.

Le Siècle du 29 mai raconte le fait suivant d’après le Petit Journal :

« À cinq heures, nos soldats s’étaient emparés, à la rue de Rivoli, d’un homme suspect à juste titre, puisqu’il portait sur lui plus de deux mètres de mèches incendiaires...»

Le journal ajoute, bien entendu, que cet homme se