pût trouver un abri, il errait dans les environs de la porte Saint-Martin, occupés depuis quelque temps par l’armée. En ce temps-là, tout le monde était suspect ; n’ayant ni asile, ni garant à invoquer, que deviendrait-il si on l’arrêtait ? Il allait donc de rue en rue (comme tant de malheureux alors), sans savoir où il allait, tremblant d’éveiller un soupçon, surveillant les regards fixés sur lui. De lassitude, il entra dans un cabaret, se mit à une table et y resta.
Comme il était là, un garçon du cabaret entra en manches de chemise. « Comment ! dit le patron, tu n’es donc plus malade ? — Non, je suis guéri par l’arrivée des troupes. Ah ! les canailles de communards ! Ils ont voulu me faire marcher de force ! J’espère bien qu’on va les fusiller sans pitié, comme des chiens. Je suis sorti de mon lit pour voir ça. » Et il invectivait les vaincus avec une violence, il appelait sur eux le massacre avec une férocité qui produisaient sur tous les témoins une odieuse impression.
Le patron lui disait : « C’est mal, il ne faut pas parler ainsi. » Et notre ami mélancolique, tâchait de prendre une contenance. S’il allait éveiller les soupçons de cette brute !
Des soldats entrèrent pour boire. Le garçon courut à eux. « Vous êtes nos sauveurs. Tuez tous les communards que vous trouverez. Il faut les exterminer… » Cet excès de passion contre les fédérés éveilla les soupçons des nouveaux venus. Ils regardèrent cet enragé : il avait un pantalon de garde national : « Dis donc, toi qui cries si fort, tu en es : tu portes leur costume. » Et les soldats arrêtent le garçon. Le patron intercède, jure que le malheureux sort de son lit. Peine inutile. On entraîne le prisonnier. Le patron sort pour tâcher encore de le sauver, un quart d’heure après, il rentre,