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LA

SEMAINE DE MAI


L’amnistie est repoussée une fois de plus. La Chambre a dit, comme M. Le Royer il y a un an, comme M. Casimir Périer cette année : « Nous ne voulons pas que la France oublie.., » C’est bien cela ; on ne veut pas que la France oublie la guerre civile de 1871.

Il en reste, en effet, de cuisants souvenirs dans Paris, qui expia si cruellement son héroïsme du premier siège ; dans les grandes villes, Lyon, Marseille, terrorisées comme Paris. Pourtant, la démocratie des grandes villes, par souci de l’union si nécessaire jusqu’à la victoire définitive de la République, donna une étrange leçon de sagesse et d’empire sur elle-même aux prétendus sages du modérantisme : elle comprima pendant de longues années son cri du cœur le plus profond ; elle refoula ses ressentiments les plus naturels ; elle alla jusqu’à honorer de splendides funérailles l’homme d’État qui avait fait bombarder et essayé d’affamer Paris investi par l’armée française et ceux qui auraient tenté d’invoquer ces cruels et dangereux souvenirs auraient été laissés dans l’isolement et dans l’impuissance pour ne point compromettre la discipline des républicains devant l’ennemi.