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fameux canons avant le 18 mars, faisait, avec une étrange violence, les arrestations et les perquisitions. Il opérait la nuit, le revolver au poing, la menace à la bouche.

Un autre officier fédéré, après avoir été parmi les plus violents de la Commune, se trouvait parmi les vainqueurs et recevait comme butin la place d’un fonctionnaire suspect.

D’autres prenaient leur part d’autorité dans la répression, on ne sait de quel droit. À la mairie de Montmartre, il y eut avec le colonel Perrier un « délégué civil », coulissier de son métier, et dont le quartier a gardé un terrible souvenir.

Je cherchais tout à l’heure s’il y eut des listes, pour chaque quartier, antérieures à la prise du quartier ; ce qui est certain, c’est qu’on se hâtait d’en dresser aussitôt le quartier conquis. J’en ai une sous les yeux ; je la trouve dans les notes que le docteur Robinet a bien voulu me communiquer. M. Robinet intervint activement en faveur d’une dame B…., qui fut arrêtée près de chez lui sans l’ombre d’un motif. Parmi les notes relatives à cette dame, je trouve son ordre d’arrestation. C’est une feuille à en-tête, dont le haut est coupé. Il ne reste plus à l’en-tête qu’une accolade, et le mot : sommaire. Voici le texte de ce curieux document (Je supprime bien entendu les noms et les adresses) :

PRÉVÔTÉ.

À arrêter le plus tôt possible :
Femme D…, rue…, n°…, menace le quartier.
Mari fusillé.
Même maison, veuve R…, lampiste.
Pétrole (Ont dû menacer.)
M. R…, rue n°…,