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pendant ce vieillard, en descendant un trottoir, tomba : on lui écrasa la tête à coups de crosse sous nos yeux. »

Tel fut, à mesure que les troupes avançaient, le massacre de la rive gauche. Est-il besoin de recommencer le même tableau pour la rive droite ? Je donne seulement, comme exemple, quelques citations de journaux sur un quartier « conservateur » de l’arrondissement.

Le Français dit :

« Trois insurgés avaient voulu se cacher dans la maison Devinck ; ils furent signalés et fusillés sous la porte cochère. »

Le Soir du 26 mai note, rue Richelieu, « une longue rangée de cadavres sur le trottoir ».

Il raconte aussi qu’un coup de feu fut tiré sur un soldat, place du Théâtre-Français, et ajoute :

« Ses camarades, ivres de fureur, se précipitent dans la maison, y trouvent l’individu qui a fait feu, et, se préparaient à le fusiller au milieu d’un tel désordre, qu’un officier dut les arrêter en leur faisant remarquer qu’ils allaient « se blesser les uns les autres ». C’est alors qu’un garde de la paix s’approcha de ce criminel et lui brisa la tête d’un coup de revolver. »

La Patrie du 28 mai dit :

« Trois marins conduisent chacun une brouette sur lesquelles sont étendus plusieurs cadavres de gardes nationaux que l’on porte au no 398 de la rue Saint-Honoré. Ils ont été fusillés dans les fossés de la barricade pour avoir été pris les armes à la main et surpris au moment où on incendiait les maisons. »

Le même journal note plusieurs exécutions, place du Théâtre-Français, à la barricade qui protégeait les rues Richelieu, Montpensier et Saint-Honoré.

Je cite encore un passage du Français du 6 juin sur un quartier voisin :