Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les soldats crurent probablement que le coup avait été tiré des bâtiments des serres ; il y avait là une ambulance : on y découvrit sept jeunes gens qui étaient là comme aides-pharmaciens. Ils ont été immédiatement exécutés dans une des allées du jardin.

On ferait un long chapitre avec les tueries faites dans les diverses ambulances de Paris. On sait que les médecins ne furent pas épargnés : quant aux blessés, leur blessure était déjà un crime : elle prouvait (ou du moins on le supposait) qu’ils s’étaient battus.

Citons de suite quelques faits à ajouter au massacre de Saint-Sulpice et à celui du Jardin des Plantes.

Je trouve dans le très intéressant volume que notre confrère Edgard Monteil vient de publier, les Couches sociales, l’exemple suivant :

« Le 24 mai, Galtier fut blessé à la barricade de la Villette et porté à l’ambulance établie rue d’Allemagne, à l’école des filles.

» Le 26, entre dix et dix heures et demie du matin, le 64e de ligne arriva dans la rue et s’empara de l’ambulance.

» Un capitaine et un lieutenant se promenaient dans les salles.

» Ils firent entrer un peloton dans la cour, et le capitaine dit : « Prenez-les sans faire un choix, chacun à leur tour. »

» On commença par un bout de la salle. Les fédérés blessés descendirent comme ils purent et se firent fusiller avec une grande fermeté.

» Parmi les blessés se trouvait une femme qui avait eu la cuisse cassée par une balle et qui refusa de se laisser emmener. Elle venait de voir fusiller son mari, blessé comme elle et couché dans le lit qui se trouvait près du sien. Elle avait quatre enfants qu’on lui amenait