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Au reste les journaux de mai 1871 donnent une idée suffisante du massacre.

Je lis dans la Liberté du 29 :

« À quatre heures on était maître du Panthéon où les fédérés ont laissé un grand nombre de morts. Les cadavres ont été transportés sur la berge du pont Saint-Michel. »

Je lis dans le Gaulois du 29 :

« Nos soldats débouchant par toutes les rues, eurent bientôt acculé les communards au nombre de 7 à 800 entre le Panthéon, la Bibliothèque et l’église Saint-Étienne-du-Mont. Pas un seul insurgé n’a échappé au massacre. »

Le Siècle du 26 mai note une vingtaine de cadavres à l’angle de la rue du Sommerard et du boulevard ; autant à l’entrée des rues Soufflot, Serpente, Saint-Séverin. Il raconte qu’au Val-de-Grâce, les soldats ont pénétré la baïonnette en avant, et tué les insurgés réfugiés dans les jardins et la buanderie et qui refusaient de se rendre : c’est la précaution oratoire employée par tous les journaux paraissant sous le régime de l’état de siège. Le Siècle du 26 raconte aussi que, rue Saint-Jacques, comme on avait tiré d’une fenêtre, les soldats ont tué tout ce qu’ils ont trouvé.

Les habitants du quartier ont gardé un affreux souvenir du monstrueux tas de cadavres accumulés devant le Théâtre de Cluny.

Il faut citer l’exécution d’Eugène André.

Eugène André était un mathématicien du plus grand mérite. D’abord maître adjoint à l’École normale de Melun (1851), puis professeur à l’école Turgot et à l’Association polytechnique, il est l’auteur d’ouvrages d’arithmétique devenus classiques et destinés à l’enseigne-