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baisse la tête et invoque comme un bienfait le droit au silence.

Mais ce droit elle ne l’a même pas ; il faut que sous peine de forfaiture à sa croyance elle continue d’en rendre témoignage. Cette diminution de soi-même, cette immolation de ce qu’on croit avoir de meilleur, c’est là, j’ose le dire, la plus cruelle épreuve pour l’ouvrier de l’intelligence. L’âge peut venir, il vient déjà ; il apportera sans doute avec lui sa tristesse… la douleur n’aura plus rien à nous apprendre.


XI


Il faut cependant prendre un parti ; la liberté de la presse est-elle un mal ou est-elle un bien ?

Si elle est un mal, qu’on la supprime une fois pour toutes et qu’on n’en parle plus. La France ira modestement rejoindre la civilisation de la Sibérie. Mais si la liberté de la presse est un bien, comme le croit M. de Persigny, si elle est encore, comme il le dit, l’âme de l’Angleterre, l’explication de sa prospérité, pourquoi nous en refuser le bienfait ? Qu’attend-on encore pour la donner ou plutôt pour la rendre à notre pays ? M. de Persigny va répondre sans doute : On attend que notre siècle ait eu le loisir de fonder la nouvelle dynastie.

Mais M. le ministre de l’intérieur a-t-il bien pesé toute la gravité de sa réponse ? Si la liberté de la presse