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JEAN PELLERIN

Les amis de Jean Pellerin ne pleurent pas que le poète mais ce grand garçon vif et charmant qu’il était avec ceux qu’il aimait, et sa nature pleine de franchise. Hélas ! Jean Pellerin n’est plus. Il nous a quittés, jeune encore, au moment où ses livres rencontraient des lecteurs et où les dons qu’il cultivait depuis déjà de longues années, devenaient — chaque jour — plus plaisants. Comment ainsi ne pas porter deux fois son deuil et ne pas demeurer inconsolables de cette mort qui nous atteint, en même temps que dans une amitié constante, dans le respect et l’amour des beaux vers joints aux jeux les plus clairvoyants de l’esprit ?

C’était en effet chez lui la première qualité que cette clairvoyance et elle ne le servait pas que dans l’amitié. Je me souviens du culte qu’avait, pour Stendhal, Jean Pellerin, au moment où je le connus. Nous faisions nos deux ans d’active à Grenoble, dans une arme de fantaisie. Ah ! que l’épaulette blanche de Jean et son sabre série Z me donnaient d’envie ! Et que son titre de Secrétaire d’État-Major me semblait distingué près

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