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d’elles est nuisible. Un mouvement d’arrêt dans la marche des nations vers le progrès, suffit pour nous faire perdre notre place dans les rangs des peuples qui ne cessent d’avancer. Ce serait être lâche ou traître que de s’arrêter.

On a dit que le Conseil Législatif était une protection pour l’élément anglais, qui est en minorité dans cette province. Je ne puis croire que l’on fût sérieux, lorsqu’on a donné cette raison ou plutôt ce prétexte en faveur du maintien du Conseil. Je dois avouer que cet argument est peu solide, quand on se rappelle comment se compose cette chambre. Sur 24 conseillers, il y a à peine quatre protestants. Il est vrai qu’en me plaçant à ce point de vue, je vais être attaqué, et mes principes religieux vont être suspectés. On m’a toujours accusé d’être en politique, plus protestant que catholique. Il est vrai que ceux qui m’accusaient ainsi, me faisaient l’honneur de me rencontrer plus souvent sur le « husting » qu’à l’église. Mais quoiqu’il en soit, je me trouve aujourd’hui, moi, à plaider contre la minorité protestante ; et je suis convaincu que les adversaires de l’abolition du Conseil ne croient pas à la force de cet argument. D’ailleurs, personne ne voudrait déclarer qu’il ne se sent pas la force de lutter contre les préjugés, qu’il se sent incapable de se prémunir contre les mauvais penchants qui pourraient l’entraîner à commettre une injustice flagrante à l’égard d’une partie de la population. En supposant même qu’il y aurait égarement jusqu’à ce point dans la province, n’avons-nous pas un autre frein plus fort, plus puissant, sur lequel la minorité lésée devrait compter davantage pour la sauvegarde de ses droits et privilèges ? N’avons-nous pas le gouvernement fédéral, et derrière lui, le parlement fédéral, qui, en vertu des pouvoirs émanant de la constitution, arrêterait toute législation injuste ou arbitraire, faite dans un but d’oppression contre une partie de la population ?

Mais pour mieux apprécier l’utilité du conseil législatif, nous devons envisager la question sous le point de vue de la législation faite par ces honorables messieurs de la Chambre haute, et que trouvons-nous ? Nous trouvons que dans l’espace de 13 ans, de 14 ans bientôt, il a contribué pour une bien faible part à la législation nécessaire pour le bon gouvernement de la province.