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indique, à ne pas s’y méprendre, que mon désir est de réussir à opérer la réforme que je me propose et qui me paraît de première urgence. Si j’avais voulu attaquer le gouvernement, j’aurais bien pu attendre pour faire ma proposition, que la chambre se formât en comité des subsides. On aurait cru sans doute que j’en voulais au cabinet — ce qui est loin de ma pensée — et l’on m’aurait par là même attribué des motifs que je n’ai pas en faisant cette proposition. Je veux abolir le Conseil Législatif, mais je ne désire pas une nouvelle crise ministérielle.

Avant d’entrer dans le mérite de la question, je me permettrai de retourner quelque peu en arrière. Lorsque le chef du gouvernement a formé son cabinet, il a cru exécuter la résolution adoptée par cette chambre, le 28 octobre dernier. En effet, dans le premier discours qu’il prononça après avoir pris les rênes du pouvoir, il réaffirma le principe sur lequel était basée la résolution que je viens de mentionner, et je trouve dans le discours prononcé à Lévis par l’honorable premier ministre, et tel que reproduit par l’Evènement, les paroles suivantes, que je trouve dans le numéro de ce journal du 4 novembre 1878 :

«Ici je touche un point délicat, je sais que je marche sur un terrain brûlant ; mais je désire m’expliquer très-franchement devant vous. L’honorable M. Paquet, en acceptant un portefeuille dans le ministère actuel, a-t-il trahi ses amis ? Non, car je ne sache pas qu’il ait eu à faire l’abandon d’un principe, ni d’un seul projet qui intéresse la province ou en particulier le comté qu’il représente.... Voilà le devoir que l’honorable M. Paquet a su accomplir dans l’intérêt public. Et je tiens à vous dire que pour accomplir ce devoir, il n’a eu à sacrifier aucun des principes qu’il a formulés devant vous, avec la sincérité et l’éloquence que vous lui connaissez. Je tiens également à vous dire que moi-même je n aurais pas voulu demander à l’un des représentants du peuple d’entrer dans ce gouvernement en sacrifiant ses principes. J’ai tendu la main franchement à M. Paquet, et il m’a tendu la sienne avec la même franchise. Nous nous sommes entendus honnêtement sur les questions d’intérêt public ; telles que nous les comprenons l’un et l’autre. Quant à moi, messieurs, aux