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celui qui occupe en ce moment le fauteuil de l’Orateur, est mon ancien compagnon et ami de collège, où dans des luttes préparatoires, nous apprenions à servir la patrie, en puisant nos inspirations à la grande source de l’histoire. On vous a accusé, Monsieur l’Orateur, d’avoir trahi ceux qui ont mis leur confiance en votre intégrité ; or, je ne sache pas pourtant que vous ayez appris à trahir la patrie lorsque nous étudions ensemble ces grandes figures de notre monde politique : je ne crois pas que, vous que j’ai connu comme un bon patriote, qui êtes le fils d’un homme qui a loyalement servi son pays, vous avez pu devenir indigne du respect de vos concitoyens, parce que vous avez cru devoir abandonner des hommes qui trahissaient la cause nationale. Mais il me sera permis de dire ici que le peuple vous a noblement vengé de toutes les calomnies dont vous avez été l’objet depuis un an, et que ce peuple est satisfait de votre conduite ; car .si vous avez abandonné vos amis, c’était pour rester fidèle aux devoirs que vous commandait votre conscience.

Je suis encore à me demander, à rechercher quel est l’acte politique que vous avez commis qui permette à ces messieurs de dire que vous avez trahi les grands intérêts nationaux que nous représentons. Et puisqu’on est si sévère pour juger un homme qui laisse des amis, sans abandonner ses principes, dans une circonstance aussi grave que celle dans laquelle vous vous êtes trouvé placé, je demanderai à l’honorable chef de l’opposition pourquoi il a à ses côtés le député de Laval, un homme que je considère comme une des plus grandes intelligences de la province de Québec, un homme auquel je ne dirai pas qu’il est devenu traître parce qu’il nous a laissés, car je veux croire que ses motifs ont été honnêtes et sincères.

Est-ce que les considérations qui l’ont engagé à abandonner le parti libéral valent celles qui ont décidé le député de Trois-Rivières à donner fair play à un ministère que l’opinion publique Amenait d’acclamer ? J’ai souvent lu dans un livre que vous connaissez tous qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’opinion, parce qu’ils n’en ont pas ; mais j’ai toujours compris que dans la recherche de la vérité, et dans la recherche de ce qui doit faire le bonheur du pays, nous marchions les uns appuyés sur les autres,