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éminents, mais nous ne saurions nier qu’ils ont exercé une immense influence sur nos destinées.

Nous trouvons que la première crise ministérielle après 1841, est arrivée en 1843, sous l’administration de lord Metcalf. J’ai souvent entendu sur les hustings et j’ai souvent vu dans la presse, le nom de ce gouverneur mêlé aux discussions, comme celui d’un homme qui avait travaillé à détruire le gouvernement responsable à sa naissance, ou plutôt à en empêcher l’application dans cette colonie. L’honorable chef de l’opposition n’a pas parlé ce soir de ce gouverneur, mais ailleurs, lui et ses amis ont cherché des points de comparaison entre cet homme d’état et Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur ; et ce rapprochement historique a souvent été fait dans des termes et avec une violence que lé chef de l’opposition a eu honte d’employer dans cette enceinte. Je le félicite d’avoir su garder ici une réserve qui n’a pas toujours brillé chez lui, ici ou ailleurs.

Mais que voit-on dans la vie de Lafontaine ? On y trouve que lord Metcalf voulait faire certaines nominations malgré ses aviseurs et que ces derniers prétendaient avoir le droit d’être consultés à ce sujet. Remarquons que M. Lafontaine ne soutenait pas que ces nominations étaient inconstitutionnelles ; mais, qu’étant faites sans le concours des ministres, ces derniers devaient résigner, vu qu’ils étaient sensés ne plus posséder la confiance du représentant de la Reine. Et c’est ce que fît M. Lafontaine avec ce sens pratique et ce patriotisme qui le distinguaient. N’étant pas d’accord avec le gouverneur, il n’attendit pas qu’il fût démis, mais il résigna volontairement, comprenant que sa dignité personnelle et celle du peuple qu’il représentait, lui recommandaient de cesser d’être responsable des actes du chef de l’exécutif avec lequel il ne sympathisait pas, avec lequel il n’était pas en parfaite harmonie. Et c’est ici que le patriote de 1843, fait la leçon à M. de Boucherville et à ses amis. Ces derniers n’avaient plus la confiance du Lieutenant-Gouverneur, ils connaissaient le fait, et ils persistaient à vouloir l’aviser. Ils se cramponnèrent au pouvoir ; ils refusèrent de renoncer à leur position et par là sacrifièrent leur dignité personnelle et ne surent pas sortir grands de ce conflit.