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rappelle l’acte de 1858 et décrète qu’à l’avenir les écoles, dans le Nouveau-Brunswick, seront non-sectaires, c’est-à-dire non confessionnelles. Dorénavant aucun maître ne pourra donner l’enseignement catholique, dorénavant aucun parent ne pourra exiger, pour ses enfants, la lecture des Saintes Ecritures, dorénavant aucun enfant ne puisera à ces écoles les doctrines de la religion qui seules peuvent en faire un bon chrétien et un catholique.

Quand les catholiques seront en majorité dans une paroisse ou dans un district, ils seront impuissants à continuer le système d’enseignement qu’ils y avaient établi sous la tutelle protectrice de la religion de leurs pères ; et à l’avenir ils devront subir, en silence, sous peine de désobéir à la loi, l’humiliation d’entendre la foi de leurs ancêtres condamnée et vilipendée par un maître ignorant et fanatique, ils devront souffrir l’injustice odieuse d’être condamnés à payer des taxes pour soutenir des doctrines contraires à leurs convictions et injurieuses à leurs sentiments de catholiques.

À l’avenir, la majorité dans une paroisse catholique ne pourra se protéger, car la loi la frappe d’impuissance : et, dans les paroisses où les catholiques sont en minorité, ils seront livrés faibles et sans défense à une majorité hostile et qui a reçu le mot d’ordre d’étouffer, le plus tôt possible, dans le cœur de la jeunesse, les sentiments nobles et élevés, puisés au sein de la famille, sur les genoux d’une bonne mère. Celle-ci ignorera si son enfant qu’elle embrasse au moment du départ pour l’école, ne reviendra pas, le soir, ennemi de la religion de ses pères et indigne du baiser maternel.

Du moment que les catholiques voudront avoir une école dans laquelle l’éducation de la famille et du prêtre se continuera, ils auront violé la loi et seront privés de leur juste part dans la distribution des deniers publics ; les taxes que les catholiques paieront et qui représentent le prix du travail et des sueurs de chaque jour, iront grossir la caisse publique et contribueront à l’expansion d’une doctrine opposée ; ce travail sera donné et ses sueurs seront versées par le chef de la famille catholique pour enseigner une religion qu’il ne peut reconnaître sans se rendre coupable d’une apostasie.