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justice pour les catholiques du Haut-Canada et les protestants du Bas-Canada parce que nous avons voulu faire une œuvre solide et non pas bâtir sur le sable un édifice qui s’écroulerait dès le lendemain.»

Ainsi, la tactique d’alors était la même qu’aujourd’hui ; les députés de l’opposition n’avaient pas le droit de s’appeler catholiques et ne pouvaient prétendre à une place dans le paradis qui était, comme il est aujourd’hui, le partage exclusif des ministériels. L’Honorable Ministre avait sans doute pris une patente pour les choses de la religion qu’il voulait exploiter pour lui seul et son parti. Il faut avouer qu’il n’a pas trop mal réussi et qu’il n’a pas manqué de faire des dupes ; heureusement que la lumière s’est faite et que le pays connaît maintenant la mesure du dévouement de ce personnage aux intérêts religieux. Après l’avoir entendu, dans le discours tristement célèbre qu’il a prononcé ce soir, les plus incrédules, devront s’avouer que la trahison est complète, et que les intérêts religieux comme les intérêts nationaux sont odieusement sacrifiés par nos ministres de la Province de Québec.

J’ai dit, M. l’Orateur, que cette clause 93, qu’on trouve aujourd’hui dans l’acte constitutionnel, y avait été ajoutée en Angleterre ; tout le monde sait, en effet, que le projet, tel que préparé par la conférence de Québec, fut forcément accepté par l’ancienne Chambre de la Province du Canada. C’était un traité et un traité solennel, signé par toutes les parties contractantes et pas un iota n’en pouvait être retranché ; c’était une arche sainte à laquelle il était défendu de toucher sous peine de mort ; c’était un article de foi en lequel il fallait croire aveuglement, sous peine de damnation éternelle. Et, avec cette charité toute évangélique qui distingue les chefs du parti conservateur, ils ne manquèrent pas de menacer des foudres célestes, dont ils paraissaient disposer à leur guise, ceux qui oseraient mettre en doute l’orthodoxie du projet ministériel, d’invention presque divine.

Comme on le sait aussi, des délégués furent envoyés en 1866 auprès du gouvernement impérial afin de s’entendre avec lui sur certains détails qui divisaient les différentes provinces ; et je trouve que les résolutions telles que soumises au bureau colonial