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criminels d’état, de la même manière que les Canadiens-français se sont unis aux Anglais pour faire cesser la rébellion ? La responsabilité est aux provinces anglaises ; elle appartient surtout à Ontario. Le désir de Québec n’est pas la vengeance, mais la justice. Le seul moyen de sauver le Canada, c’est une union cordiale, faite entre les deux provinces, pour punir les misérables qui sont au pouvoir. »

Voilà ce que l’on dit dans Ontario ; ce n’est donc pas une guerre de race que nous voulons ; ce n’est pas un parti exclusivement français que nous demandons, mais c’est l’union de tous les amis de la justice et de l’humanité dont la cause sacrée a été outragée par la mort de Riel.

Cette mort qui a été un crime chez nos ennemis, va devenir un signe de ralliement et un instrument de salut pour nous.

Notre devoir est donc de nous unir pour punir les coupables ; que cette union soit bénie par ce peuple et faisons serment devant Dieu et devant les hommes, de combattre de toutes nos forces et de toute notre âme et avec toutes les ressources que nous fournit la constitution, le gouvernement prévaricateur de Sir John, les trois traîtres qui viennent de déshonorer notre race et tous ceux qui seraient assez lâches pour chercher à imiter ou à excuser leur crime !

J’ai cru dans ma naïveté au patriotisme d’un de ces trois hommes, et cela jusqu’au dernier moment, car quatre jours avant l’exécution de Riel, voyant l’imminence du danger, j’ai prié M. Bergeron, député de Beauharnois, d’aller dire de ma part, à M. Chapleau :

« Si Riel est pendu sans que tu résignes, tu es un homme fini ; si tu résignes, tu sauves Riel. Dans le premier cas, le parti libéral a un puissant adversaire de moins ; et le pays une honte de plus. Dans le second cas, le pays a une gloire de plus et le ministre résignataire devient l’idole de ses compatriotes. J’ai tout à gagner comme chef de parti si tu restes : tu as tout à gagner si tu résignes.

« Résigne, Chapleau et mets-toi à la tête de la province. Je serai à tes côtés pour t’aider de mes faibles efforts, et bénir ton nom à côté de celui de notre frère Riel, sauvé de l’échafaud. »