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ministre en fuite une dernière malédiction qui, se répercutant d’écho en écho, sur les rives de notre grand fleuve, ira l’atteindre au moment où il perdra de vue la terre du Canada, qu’il a souillée par un meurtre judiciaire.

Quant à ceux qui restent ; quant aux trois qui représentent la province de Québec dans le gouvernement fédéral et qui n’y représentent plus que la trahison, courbons la tête devant leur défaillance et pleurons leur triste sort ; car la tache de sang qu’ils portent au front est ineffaçable comme le souvenir de leur lâcheté. Ils auront le sort de leur frère Caïn ; leur mémoire sera maudite comme la sienne ; et comme les fils d’Abel qui fuyaient dans le désert pour ne pas rencontrer le premier fratricide du monde, nos enfants détourneront la tête pour ne pas voir les trois fratricides du Canada.

En face de ce crime, en présence de ces défaillances, quel est notre devoir ? Nous avons trois choses à faire : nous unir pour punir les coupables ; briser l’alliance que nos députés ont faite avec l’orangisme et chercher dans une alliance plus naturelle et moins dangereuse, la protection de nos intérêts nationaux.

Nous unir ! Oh ! que je me sens à l’aise en prononçant ces mots ! Voilà vingt ans que je demande l’union de toutes les forces vives de la nation. Voilà vingt ans que je dis à mes frères de sacrifier sur l’autel de la patrie en danger, les haines qui nous aveuglaient et les divisions qui nous tuaient. On a répondu à ce cri de ralliement, parti d’un cœur patriotique, par des injures, des récriminations, des calomnies. Il fallait le malheur national que nous déplorons, il fallait la moi-t d’un des nôtres pour que ce cri de ralliement fut compris.

Aujourd’hui, affolés de douleurs, nous reconnaissons notre faute et en face du cadavre de Riel nous nous tendons une main fraternelle. Agenouillés sur la tombe bénie, nous demandons à Dieu pardon et miséricorde, pardon pour nos luttes passées, miséricorde pour notre race si douloureusement frappée. Cette prière sera-t-elle entendue ; nos vœux faits dans les sanglots et partis de nos âmes au désespoir seront-ils exaucés ?

Y a-t-il parmi toutes ces mains qui s’étreignent dans un sublime élan quelques mains de traîtres ? Le Dieu qui sonde les reins et