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foi, et de croire, chez ses adversaires, à une probité d’intentions égale à la sienne. Il devait renouveler encore une fois cette erreur généreuse, lorsqu’à la veille de l’exécution de Riel, il supposait à M. Chapleau assez de patriotisme pour protester contre l’affront fait à sa province et à sa race et il lui offrait spontanément de servir, sous sa direction, la cause nationale.

Quoiqu’il en soit, les documents de l’affaire de la coalition ont été publiés. M. Boucher de la Bruère a même pris la peine de les reproduire, à mauvaise intention sans doute, au cours de la dernière lutte électorale, dans le Courrier de St. Hyacinthe. Pour tout lecteur de bonne foi, il a démontré, involontairement peut-être, mais clairement :

1º Que ce sont MM. Mousseau et Chapleau qui ont pris l’initiative des démarches vis-à-vis de M. Mercier ;

2º Que M. Mercier n’a accepté les pourparlers qu’après avoir posé des conditions, qui sont la preuve péremptoire de son désintéressement personnel et de son dévouement éclairé à la province et à son parti.

Dans cette circonstance, comme dans toutes les autres, M. Mercier a été fidèle à la même pensée, celle d’une politique large et compréhensible sur le terrain de la défense nationale et du salut de la province. Il n’a pas réussi, en ce temps-là.

Mais, si l’expérience a démontré qu’il avait trop compté sur la valeur morale d’un faux grand homme et d’un faux patriote, l’expérience a démontré, en même temps, que cette politique de conciliation, d’oubli des vieilles querelles et d’entente mutuelle sur le terrain national était la seule qui pût nous rendre forts.

C’est cette politique que le peuple Canadien-français a acclamée, sous une autre forme, à la réunion du Champ de Mars et dans toutes les assemblées qui ont eu lieu, depuis le 16 novembre 1885. C’est son esprit qui a triomphé aux élections du 14 octobre dernier. C’est elle qui gouverne aujourd’hui la province.


V


Au commencement de la session 1883, l’honorable M. Joly ayant abandonné la direction du parti libéral, M. Mercier fut reconnu, tout d’une voix, comme chef de l’opposition. C’est dans