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parti libéral s’appuyait sur une base trop restreinte pour lutter efficacement contre la condition d’intérêts et de préjugés associés à la politique tory. Il y a, pour les âmes fortement trempées, des heures de lassitude, où sans désespérer du triomphe final de la vérité et de la justice, on s’irrite intérieurement de ne pouvoir faire tout ce que l’on voudrait pour assurer leur victoire, et de participer, malgré soi, dans des conditions défavorables, à un combat inégal.

M. Mercier, qui s’était établi au mois de mars 1881, à Montréal, où il était devenu l’associé de MM. Beausoleil et Martineau, annonça l’intention de ne pas se représenter aux élections générales de la même année. Mais, alors, il se produisit un spectacle inusité. Tout St. Hyacinthe s’émut à la nouvelle de sa retraite ; les deux partis s’unirent pour le solliciter de revenir sur sa détermination et de ne point priver la province des services d’un si vaillant et si vigoureux champion. On peut dire qu’en acceptant la candidature à laquelle il avait voulu renoncer d’abord, M. Mercier se rendit au désir unanime du corps électoral. Il fut réélu par acclamation.

C’est à peu près à la même époque que se place l’incident de la coalition, qui faillit un instant diviser le parti libéral. Les hommes éclairés des deux partis sentaient que l’ancienne organisation ne pouvait aboutir qu’à des luttes stériles. M. Chapleau hésitant, selon son invariable usage, entre la grande politique et la politique des tripotages financiers ou des spéculations louches, paraissait désirer sincèrement la coalition ; et selon son invariable usage, il finit par préférer la mauvaise voie. Tel il était alors, tel on l’a retrouvé lors de sa démission offerte avec fracas à l’heure du péril et retirée ensuite avec profit. Après lui, M. Mousseau reprit encore la même négociation ; mais il la reprit comme pouvait la reprendre un esprit vaniteux et brouillon, sans cesse occupé à la fois de dix projets contradictoires, et dont, le court et triste passage à la tête du gouvernement de notre province a ressemblé assez exactement aux ébats incohérents et désordonnés d’un hanneton dans un tambour.

Peut-être M. Mercier eut-il le tort de se prêter trop facilement aux ouvertures d’hommes politiques sans sérieux et sans bonne