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Ontario, avec le parti de Brown, et qui ne tarda pas à reconstituer son ministère, en remplaçant M. Sicotte par M. Dorion, et en abandonnant ouvertement le principe reconnu jusque-là, sous le nom de principe de la double majorité.

M. Mercier, qui avait soutenu dans le Courrier de St. Hyacinthe l’administration Sicotte, passa à l’opposition avec son chef. Mais lorsque, six mois plus tard, M. Sicotte eut la faiblesse de se laisser absorber, en acceptant des mains du gouvernement qu’il combattait, une place de juge, M. Mercier n’eut garde de le suivre dans cette nouvelle évolution. Il continua à faire partie avec Cartier et avec un groupe de libéraux modérés, de l’opposition, qu’il considérait alors comme une opposition nationale.

Ce fut l’époque des giands coups de plume, à St. Hyacinthe, entre le Courrier représenté par M. Mercier et le Journal représenté par M. R. E. Fontaine, un libéral ardent, qui devait se retrouver plus tard ami personnel et associé de son adversaire de 1863. Lors de la démission de M. Sicotte comme député, par suite de son élévation au banc, M. Mercier n’hésita pas à combattre la candidature ministérielle de M. Papineau, son ancien patron et le fit battre par M. Rémi Raymond. Cet état de guerre intestine dura jusqu’au mois d’août 1864, où vint le projet de Confédération.

M. Mercier qui avait soutenu Cartier dans son opposition contre le ministère MacDonald-Dorion, ne crut pas pouvoir le suivre dans son alliance avec Brown pour établir la Confédération. Patriote avant tout, mais patriote éclairé et prévoyant M. Mercier était convaincu que la Confédération serait mort de l’influence canadienne-française.

Pendant qu’un trop grand nombre de nos compatriotes se laissaient prendre aux ruses de Sir John A. Macdonald et au mirage décevant d’un grand empire britannique de l’Amérique du Nord, M. Mercier se refusait à voir autre chose dans la Confédération, qu’un expédient tory, imaginé en vue de la conservation du pouvoir ; et derrière cet expédient, il apercevait la pensée secrète de notre ennemi intraitable, le plan longuement médité par Sir John A. Macdonald de notre déchéance politique.

Cartier s’est aperçu plus tard qu’il n’avait vu ni aussi juste ni