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Disons, tout de suite, que le chef du parti national a puisé, dans sa famille et dans l’enseignement du collège, des sentiments religieux qui sont plus tard devenus chez l’homme mûr des convictions réfléchies. Notre clergé ne l’ignore pas. Tout en s’inquiétant parfois du libéralisme politique et des alliances de M. Mercier, il a toujours compris qu’il avait à faire, en lui, à un catholique sincère, non-seulement à un catholique en théorie ou en paroles, mais à un catholique dans la pratique de la vie et dans la direction de sa famille.

Un prêtre distingué, qui est devenu depuis l’un de nos évêques, a dit un jour, avec raison, que «la cause de la religion et la cause de la nationalité ne pouvaient être placées en de meilleures mains qu’en celles de M. Mercier», et depuis lors, les événements ont justifié cette vérité que l’esprit de parti s’est trop souvent efforcé d’obscurcir.

À sa sortie du collège, M. Mercier entra, pour faire son droit, au bureau de MM. Laframboise et Papineau à Ste Hyacinthe, et fut admis à la pratique en 1865. Mais, déjà, trois ans auparavant, il était entré dans la vie politique, vers laquelle il se sentait irrésistiblement attiré. En 1862, à l’âge de 22 ans, il était rédacteur en chef du Courrier de St. Hyacinthe.

Nous vivions alors sous l’empire de l’Acte d’Union, et le Bas-Canada était représenté, dans le ministère commun, par le gouvernement Sicotte, un gouvernement libéral et modéré, qui s’était donné pour programme la conciliation entre les deux provinces et qui est parvenu, en effet, à mener à bonne fin une œuvre de pacification d’une importance capitale ; nous voulons parler de la loi des écoles séparées, dans le Haut-Canada.

Malheureusement, ce ministère était condamné à ne vivre que peu de temps. En face de l’état des esprits dans les deux provinces, la tâche qu’il avait entreprise était au-dessus des forces humaines. A la question des écoles et à la question toujours pendante de la représentation proportionnelle, il devait bientôt s’ajouter, avec la question du chemin de fer Intercolonial, une nouvelle source de difficultés. D’ailleurs, les efforts de M. Sicotte étaient mollement soutenus par le premier ministre, M. J, Sanfield Macdonald, qui avait besoin de ne pas se brouiller dans