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1871 avec le parti national, en 1881, au moment des essais de coalition ; tel nous le retrouverons au mois de novembre 1885, à l’assemblée du Champ de Mars et tel il s’est montré au cours de cette merveilleuse campagne, pendant laquelle il a su, à force d’estime conquise et de confiance réfléchie, grouper autour de lui tous les patriotes, sans distinction de parti ni d’origine.

Deux idées, disons-nous, ont constamment guidé sa conduite. La première a été d’élargir sa politique et la base de son parti, de faire taire les divisions et d’ouvrir à tous un large terrain de conciliation ; la seconde de ses idées, la plus féconde peut-être, a été de conquérir l’âme du peuple, de ne pas se maintenir avec un groupe de politiciens distingués dans la sphère étroite de la doctrine, mais de pénétrer jusque dans les masses profondes de la nation, en un mot de ne pas se contenter de soutenir une juste cause, mais de la faire comprendre au pays et d’en faire, en même temps qu’une cause juste,une cause passionnante et populaire.

Personne n’était mieux doué que M. Mercier pour remplir ce grand rôle, nous dirions presque pour remplir cet apostolat, grâce auquel la face de la Province a été renouvelée et le vieux patriotisme a tressailli de nouveau dans les cœurs. Les derniers événements ont montré, de façon à surpasser l’attente même de ses amis, à quel point M. Mercier possède les éminentes qualités d’un chef politique : l’habileté, la décision, la clairvoyance, les larges horizons de l’homme d’état qui envisage au delà du succès du jour les nécessités du lendemain, la loyauté qui fait naître la confiance dans les cœurs et qui rend les alliance durables. Mais, ce que tout le monde avait vu et compris, dès le premier jour, c’est que M. Mercier était par essence un chef populaire.

Nul n’excelle autant que lui à s’adresser au peuple, à le convaincre et à l’électriser. D’autres ont pu y mettre plus de brio et provoquer des entraînements passagers ; M, Mercier ne se contente pas de séduire, il persuade ; il ne se borne point à paraître dans les comtés et à y recueillir des applaudissements ; après avoir triomphé sur les hustings par la chaleur pénétrante de sa parole et la mâle puissance de sa logique, il conquiert les esprits un à un, il discipline son parti et il organise la victoire. Bien des chefs politiques ont traîné derrière eux une suite nombreuse