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mission a été nommée pour étudier les réformes qu’il y aurait à faire et qu’elle a commencé ses travaux. Néanmoins, malgré l’étalage de mots pour faire croire qu’on a fait quelque chose •d’utile, on parait encore aussi éloigné que jamais d’un résultat pratique. J’ai combattu la nomination de cette commission précisément pour cette raison et à cause des dépenses qu’elle enti*aînerait, et je constate aujourd’hui que les choses tournent comme je l’ai prédit. Il y a déjà sept ou huit mois que le gouvernement a un rapport du président de cette commission et rien n’a été fait. Ce l’apport a été discuté dans la presse et ailleurs. Le pays a bien le droit de blâmer cette inaction du gouvernement et de savoir pourquoi il retarde tant de se prononcer sur les mérites de ce rapport. Au lieu d’agir, le gouvernement se contente de promettre quelques légers amendements, ne touchant pas au fond mais seulement à la surface des abus à détruire. On nous dit que l’on va nous soumettre une loi pour améliorer le système du jury. Voilà une législation qui a besoin d’être modifiée pour rendre les services que l’on doit attendre d’une telle institution. J’accueille avec plaisir cette promesse et j’espère que l’expérience acquise dans les autres pays sera mise à profit. De fait, pour l’observateur attentif, les rôles des petits et des grands jurés dans cette province sont intervertis. Les grands jurés, qui sont généralement de nos meilleurs citoyens, sont appelés simplement à se prononcer s’il y a lieu de faire le procès du prisonnier ; tandis que les petits jurés, dont les trois quarts ne savent ni lire ni écrire, ont le droit de vie ou de mort sur les prisonniers qui passent devant eux. C’est là un état de choses que pour la bonne et saine administration de la justice, nous ne devrions pas souffrir plus longtemps et auquel le gouvernement devrait se hâter de remédier.

Son Honneur le lieutenant gouverneur nous parle aussi des nouvelles sources de revenus qui nous sont assurés par certaines décisions judiciaires. J’ai bien peur que l’on se fasse là des illusions dangereuses. Il y a trop longtemps que nous nous abusons de la sorte pour ne pas être maintenant sur nos gardes. En face d’un découvert qui est devenu chronique, il est assez étrange comme les honorables membres de la droite sont disposés à saisir