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BIOGRAPHIE
DE
L’HON. M. MERCIER.

I


À la suite des élections provinciales de 1881, il semblait que le parti libéral fut irrémédiablement battu. Il avait été balayé dans toute la province et il ne comptait plus que quinze représentants à la Chambre. Les élections fédérales de 1882 allaient être, l’année suivante, un nouveau désastre. Que la fraude et la corruption eussent joué, dans ce prétendu triomphe des conservateurs, un rôle prépondérant, personne n’en doutait : mais qu’importait, hélas ! si elles devaient toujours triompher et si le peuple devait être perpétuellement trompé ?

Il y eut, à cette époque, un instant de découragement parmi les plus fidèles amis de notre cause ; et il est vrai de dire qu’on eût été découragé à moins. Depuis la funeste division des Canadiens-français en libéraux et en conservateurs, après la chute du ministère Lafontaine-Baldwin, trois fois déjà le parti libéral avait cru tenir dans ses mains les destinées de la province ; et trois fois il avait échoué, en 1858 avec le ministère Brown-Dorion, en 1862-64 avec les ministères McDonald-Sicotte et McDonald-Dorion, en 1879 avec le ministère Joly. Cette dernière fois, la défaite paraissait être sans appel. L’opinion commune était que les libéraux étaient battus pour vingt ou vingt-cinq ans. Ceux qui luttaient encore, ne luttaient plus que pour l’honneur et par fidélité au drapeau ; et c’est à peu près sans espoir qu’ils continuaient une lutte inégale.