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l’unanimité. Ces deux exemples et celui qui nous a été donné par le refus des subsides, prouvent que le Conseil Législatif est opposé aux vœux du peuple tel qu’exprimés par ses mandataires.

Au début de mes remarques, j’ai donné l’une des raisons qui m’avaient fait adopter de préférence le mode d’une adresse à Sa Majesté. En voici une autre qui a plus de force que celle que j’ai donnée. En étudiant les événements qui ont eu lieu depuis quelques années, on doit se convaincre que le Conseil est hostile à son abolition, et que toute proposition à cet effet ne peut réussir en suivant les phases ordinaires de la législation. En face de l’hostilité irréconciliable de l’autre chambre, il ne me restait plus d’autre moyen à adopter que celui d’une adresse. L’honorable député de Missisquoi l’a dit dans un de ses discours ; si le Conseil Législatif veut bien se soumettre au désir du corps électoral en votant son abolition, très bien, mais s’il ne veut pas se rendre de bon gré, alors il deviendra nécessaire de recourir à un autre moyen plus énergique, et d’adopter une adresse à Sa Majesté.

On se demandera peut-être si les circonstances sont favorables pour voter une adresse à Sa Majesté dans le sens proposé. Je dis oui, car les libéraux sont au pouvoir en Angleterre, et ils étaient opposés à la création d’un Conseil Législatif pour cette province.

Un des membres les plus influents du parti qui domine aujourd’hui en Angleterre, M. Roekurk, l’a dit en 1866, à la chambre des Communes, et condamné en termes formels, avec l’approbation tacite de M. Gladstone, l’existence d’une chambre haute dans la province de Québec.

Je n’ignore pas qu’il est extrêmement délicat et dangereux de toucher à la constitution. Je sais qu’il faut avoir pour elle le plus grand respect, et qu’il ne faut la modifier qu’après mûre réflexion et que dans les circonstances les plus urgentes. Lorsque l’acte fédéral a été discuté et adopté, je ne partageais pas les vues de mes amis d’alors et je m’en suis séparé. Je n’ai pas combattu le projet de confédération qui paraissait accepté généralement, et lorsque le corps électoral se fut prononcé favorablement sur cette question, j’ai cru y voir l’expression des sentiments de la majorité de mes compatriotes. J’ai préféré rentrer dans la