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ces lois surannées, qui, en enchaînant la liberté de la presse, cherchaient, mais en vain, à comprimer la pensée. On sait que ces sortes d’entraves n’ont ordinairement produit d’autre effet, que d’irriter les passions, et rendre plus audacieuse une plume qui convertissait secrètement en licence, la liberté qu’on lui refusait publiquement. Oui, une censure trop sévère, pareille à celle qu’on exerce en Espagne, en Autriche et ailleurs, a pour résultat la cruelle alternative, ou d’étouffer le génie, ou d'ouvrir clandestinement la porte à des excès que méconnaît ordinairement une honnête liberté.

Ce n’est point lorsqu’on a le droit d’écrire sans contrainte et au grand jour, que l’on se plaît à distiller un venin qui, comme le crime, ne se prépare jamais que dans l'ombre.

D’ailleurs, depuis trois siècles, n’a-t-on pas épuisé, en fait de production