pour le secret, pour la petite vie, pour la vie secrète, pour les petites gens. Les saints le savent bien, les saints le sentent bien, et c’est pour cela que les saints publics restent en liaison constante avec la vie privée, avec la petite vie. En double liaison, premièrement en liant leur vie publique à leur vie privée, leurs vertus publiques à leurs vertus privées en telle sorte que cette vie publique n’est que cette vie privée continûment prolongée, et que ces vertus publiques ne sont que ces vertus privées continûment prolongées, la même, les mêmes, deuxièmement en liant leur vie publique à leur vie privée, leurs vertus publiques à leurs vertus privées en telle sorte que cette vie publique plonge perpétuellement dans cette vie privée, que ces vertus publiques plongent perpétuellement dans ces vertus privées. La vie privée, les vertus privées sont pour le saint public la réserve perpétuellement présente, où il plonge perpétuellement. Quand nous voyons les saints publics se retrancher perpétuellement dans le privé, rentrer à chaque instant, se retirer à chaque instant en arrière dans les humilités du privé, faire retraite, ne croyons pas que ce retour, que cette revenue en arrière est pour eux un exercice d’humilité, qui leur coûterait. C’est le contraire. C’est la mission publique qui leur coûte et au contraire c’est sur la vie privée, c’est sur les vertus privées qu’ils se rabattent. D’eux-mêmes. Pour se rassurer. Pour prendre appui et pour prendre nourriture. Quand nous les voyons se rabattre ainsi constamment sur la vie privée, sur les vertus privées, ne croyons point que ce soit un exercice, qu’ils s’imposent, qu’ils s’infligent, des épreuves, des expiations, pour payer leurs grandeurs. C’est au contraire par une retombée
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