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de leur métier, hors de leur office ; ils y étaient en délégation ; ils y redoublaient de prières. Nous savons par tous les exemples et par tous les textes qu’ils y redoublaient de sacrements. Notamment qu’ils y usaient non seulement de la communion fréquente, mais de la communion quotidienne. Jeanne d’Arc, très notamment. Ils s’y sentaient exposés.

Et ils ne demandaient, par les mêmes mérites, généralement qu’à en être déchargés.

Ainsi la mission publique, la vie publique, la partie publique de la vie ont toujours été considérées par les saints qui en ont eu littéralement comme des missions, comme des envois, comme des départs, d’où ils ne demandaient qu’à revenir ; non pas peut-être comme des essais ; mais comme des épreuves extraordinaires, comme un métier où ils étaient gauches et non dressés, où par conséquent il fallait notamment redoubler d’humilités.

§ 117. — Dans cet embarras, dans ce désarroi, dans cette détresse ils ne faisaient point seulement appel à la prière et aux sacrements : ils se rabattaient pour ainsi dire sur la vie privée, avec laquelle ils étaient liés, restés liés, avec laquelle ils étaient (plus) familiers, avec laquelle ils se sentaient (plus) rassurés, et c’était pour ainsi dire et même littéralement avec la vie privée qu’ils faisaient de la vie publique. C’était littéralement avec la vie privée, qu’ils connaissaient, qu’ils faisaient la vie publique, qu’ils ne connaissaient pas. C’est des vertus de la vie privée, des vertus familières, familiales, des vertus relativement faciles, petites, aisées, connues, portatives, in manu, sous la main, qu’ils