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atelier de Nazareth. Et ceci est le tissu même et la moelle du monde chrétien. Des milliers et des centaines de milliers d’hommes, monsieur Laudet, d’ouvriers chrétiens n’ont eu que ceci à faire : leur journée ; n’ont eu qu’à travailler tranquillement du matin au soir, les yeux uniquement fixés sur cet humble atelier de Nazareth. Et celui qui n’a quitté l’établi et la varlope que pour se coucher pour mourir est celui qui est le plus agréable à Dieu. Il faut vous faire à cette idée, cher monsieur Laudet, que le ciel est plein de ces gens-là, il est plein de cette espèce, il n’est pas uniquement plein, cher monsieur, d’aussi gros capitalistes que vous.

§ 108. — M. Laudet est évidemment encore un chrétien pour paroisses riches. L’homme qui de la théologie se contente de nous supprimer, l’homme qui ne nous retranche que le mystère de l’Incarnation, l’homme selon qui, dans le système de qui, dans la théologie de qui les enseignements, les leçons de travail et d’humilité de Jésus tombent, ne nous appartiennent pas, est naturellement aussi celui dans la théologie de qui les obéissances et les patiences de Jésus, les enseignements, les patiences pour ainsi dire pratiques, les leçons d’obéissance de Jésus parallèlement tombent, ne nous appartiennent pas. Si M. Laudet avait quelque idée, quelque connaissance de ce que c’est qu’un christianisme réel et vivant, de ce que c’est que le tissu même du christianisme et plus profondément de ce que c’est que le tissu de la chrétienté même il saurait que la famille chrétienne, qui fait le tissu même, est étroitement imitée de la famille de Nazareth, est étroitement cal-