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est contraint de nous le dire : « De même que le Christ ne nous appartient qu’après le jour où il lui plut de sortir de ses longues années d’ombre épaisse. » Nous venons de voir par quel mécanisme théologique ces longues années d’ombre épaisse, qui selon le docteur Laudet ne nous appartiennent pas sont au contraire partie intégrante et très considérable de la communion et de la réversibilité et font et forment au contraire le point de visée, le point d’application, la surface d’application de la de beaucoup majeure, multo majoris, imitation chrétienne. Nous voulons dire de la de beaucoup la plus grande en extension.

§ 101. — M. Laudet, qui ne travaille évidemment que dans les grandeurs, temporelles, et qui ne se meut que dans les somptuosités publiques, paraît ignorer en effet qu’à ne considérer encore que l’extension pour ainsi dire géographique de la sainteté il y a eu et il y a des milliers et des milliers, des centaines de milliers de chrétiens, — de saints, — des chrétiens innombrables, — des saints innombrables, — qui ont gagné le ciel les yeux fixés uniquement sur ces longues années d’ombre épaisse qui selon M. Laudet ne nous appartiennent pas. Évidemment ces saints peuvent paraître méprisables quand on a l’honneur d’être directeur de la Revue hebdomadaire. Ces saints obscurs sont des saints petites gens. Mais enfin tout le monde ne peut pas être directeur de la Revue hebdomadaire. Et briller dans le monde. M. Laudet paraît ignorer que des milliers de chrétiens, que des milliers de saints, que des chrétiens, que des saints innombrables ont gagné le ciel par la pratique obscure, en pratiquant obscurément